Si Nolak est, et de loin, le dragon le plus anciennement connu, Shala est sans aucun doute celui dont on a le plus parlé au fil des siècles. Ses représentations, rendues célèbres par les peintures et gravures asiatiques en font le plus renommé des quatre. C’est durant la glorieuse dynastie Han que fut faite l’une des premières descriptions de la bête par le penseur Wang Fu. S’il présentait l’animal de façon effrayante en lui donnant les attributs de neuf créatures différentes, le rendant bien plus laid qu’il ne l’est en réalité, ce fut avant tout pour embellir son discours. Il est évident que décrire un chien de vingt mètres de long est bien moins spectaculaire qu’un serpent à tête de chameau et bois de cerf affublés de pattes de tigres à serres d’aigle et dont le corps est recouvert de 117 écailles de carpe ! Ajoutez à cela un corps de mollusque, des oreilles de boeuf et des yeux de démons et vous marquez assurément les esprits.
Mais la réalité était bien moins exotique, et la seule vérité qui ait subsisté, hormis sa forme générale, est que la source de son pouvoir se trouve cachée sous son menton (dans sa toison) et est une pierre précieuse. Pour les chinois il s’agit d’une perle mais en réalité, le cœur du dragon est une lourde émeraude.
Pour autant T’ien Lung (le dragon céleste) n’en reste pas moins attaché à l’air. Son absence d’aile montre d’ailleurs qu’il n’a besoin d’aucun artifice pour évoluer dans cet élément qui est le sien. Et malgré ses vingt mètres de longs, son corps effilé se déplace avec légèreté et on lui attribut la capacité de marcher sur l’eau. De part sa nature de géant, il a toujours été le plus visible des quatre dragons et c’est la raison qui poussa les martyrs de tout temps à le dissimuler dans les grandes étendues chinoises ou russes. Il fut d’ailleurs dernièrement enterré dans le désert de Gobi. Mais avec la colonisation toujours plus avant de l’homme, il sera bientôt très difficile de trouver un endroit discret pour cacher le monstre…